[PRESSE] Durant le confinement, la Creuse a été locavore… le restera-t-elle après ?

[PRESSE] Durant le confinement, la Creuse a été locavore… le restera-t-elle après ?

La Montagne – 30 Mai 2020

La troisième édition du drive « des cantines aux familles » organisé par l’ACENA 23 s’est tenue mercredi devant Favard et c’était la dernière. Cette formule inventée pendant le confinement semble connaître le même sort que les drives en général, moins fréquentés depuis le déconfinement. Ce canal de distribution local et sur mesure peut-il y gagner au-delà de la crise ? Les principaux intéressés se le demandent…

Si les producteurs locaux se sont réjouis de l’engouement en Creuse pour la formule du drive pendant le confinement, ils observent depuis la fin de celui-ci un certain fléchissement des demandes. Ils le regrettent sans en être surpris et pensent déjà à la suite…

Plutôt accueillir les clients à la ferme

Installée en Gaec au Domaine du Tumulus (Bonnat), Claire Boubet s’occupe de l’atelier lait dont elle écoule l’essentiel de la production dans la restauration scolaire.

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Le drive des cantines aux familles a donc pour elle été salvateur. Une expérience concluante, estime-t-elle, car elle a très bien vendu. Mais qu’il faut savoir arrêter au bon moment : « Depuis que la restauration collective a repris je peux difficilement fournir ici et là. En terme de quantité et aussi de temps de travail… Le lait c’est déjà très contraignant sur l’exploitation », rappelle Claire Boubet.

En l’état actuel le canal du drive n’est donc pas à développer pour elle. Dans l’absolu, il lui faudrait un employé pour s’occuper de ces déplacements donc ce n’est pas d’actualité. Claire Boubet préfère proposer la solution inverse aux clients qu’elle a rencontrés au drive : «?je les invite à venir se servir à la ferme. Bonnat n’est pas loin de Guéret. J’espère qu’ils viendront. »

« Le principe était bien mais en trois dates nous avons vu l’effet retomber… »

éleveur cul noir du limousin, la ferme authentique, Marion et François Gomez, cochon

Marion et François Gomez sont à la tête de la Ferme authentique (Chéniers) où ils font des produits issus du porc cul noir élevé dans les règles de l’art (24 mois, tout en plein air…) Le drive a pu représenter un petit débouché pour eux qui travaillent avec les scolaires mais aussi et surtout pour compenser les grands salons gastronomiques et autres fêtes médiévales, tous annulés les uns après les autres…

Marion Gomez (Productrice locale)

« Le principe était bien mais en trois dates nous avons nettement vu l’effet retomber du côté des clients : dix commandes lors de la première, huit pour la deuxième, quatre la dernière… Il faut reconnaître que nos produits se conservant, ils ne sont pas de ceux que l’on achète toutes les semaines », explique Marion Gomez.Coronavirus, covid 19 à guéret, drive des cantines aux familles au collège Jean Favard

Cela fait dire à l’agricultrice qu’il faudrait peut-être renouveler l’expérience mais en changeant la fréquence. Une fois par mois, une fois par trimestre… D’ailleurs, eux ont mis un point d’honneur à venir à Favard sur les trois dates mais il y a d’autres producteurs qui ont sauté le dernier rendez-vous car ils venaient de bien plus loin et n’avaient pas assez de commandes.

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En attendant de savoir si la Ferme authentique refera des drives, elle s’apprête à ouvrir une boutique permanente à Guéret (samedi 6 juin, 2 rue du Maréchal-Leclerc).

Propulsée  devant les clients

Amandine Bathier a lancé sa production de volaille fermière au sein de la ferme des Quatre compères (Ladapeyre) en fin d’année dernière.

Elle a noué des partenariats avec la restauration scolaire mais n’a pas encore d’autres clientèles.Proxi drive d’Ahun

C’est dire si les “drives de la crise” l’ont propulsée sur le devant de la scène. « J’ai été présente sur la Saunière, Saint-Hilaire-la-Plaine, Domeyrot, Anzême, Pommeil et Favard à Guéret. Je continue à en faire certains car ça marche bien : sur un seul drive je vends plus que toute une journée au marché », affirme-t-elle.

Certaines semaines du confinement, l’agricultrice a écoulé jusqu’à soixante volailles?! Positif donc et bon à savoir pour la suite. Même si Amandine Bathier reste prudente : « reste à savoir si le public va nous rester fidèle à mesure que tous les commerces vont reprendre. À Guéret nous observons déjà une baisse de la demande. Mais peut être qu’il suffit d’un changement d’horaires pour continuer à capter les gens. Beaucoup de personnes qui étaient disponibles toute la journée pendant le confinement ne le sont plus maintenant qu’ils ont repris leurs activités. Domeyrot a déjà décalé l’heure de son drive, plus tard le soir, et cela fonctionne bien ». 

Floris Bressy

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